Cette année, j’ai vécu ma coupure annuelle… un peu à l’arrache. Et pourtant, elle m’a confirmé quelque chose que je savais déjà et que j’avais oublié.
Je pensais planifier une pause propre, maîtrisée, bien intégrée dans ma saison. Dernier triathlon début juillet, et pause jusqu’en septembre / octobre avec une course ou deux. En réalité, elle m’est tombée dessus sans prévenir, au moment où j’étais au bout du rouleau : déménagement, nouvelle ville, changement d’équipe au boulot… et un trop-plein de sollicitations.
Résultat : deux semaines d’arrêt total, subies plus que choisies.
Et pourtant, avec le recul, je peux dire que c’était exactement ce qu’il me fallait.
Deux écoles, deux approches
En discutant avec d’autres triathlètes et en lisant un peu, j’ai compris qu’il existe deux grandes philosophies sur les pauses saisonnières :
- La grosse coupure automnale, souvent juste après les dernières compétitions de fin de saison.
- Deux minipauses, généralement placées après les périodes de pics d’intensité (souvent en été et en hiver), pour éviter de tirer sur la corde.
Les deux approches ont du sens. Mais l’essentiel, c’est de ne pas enchaîner les blocs d’entraînement sans jamais souffler. Car à un moment ou un autre, le corps et le mental lâchent. Comme souvent en sport d’endurance, l’essentiel reste d’apprendre à se connaître et à s’écouter. Et bien sûr… Avoir un programme d’entraînement qui alterne trois-quatre semaines de montée en charge progressive et une semaine de récupération active.
Le corps dit stop, parfois violemment
Ma coupure était prévue sur le papier, mais dans la réalité, elle s’est imposée à moi à un moment critique. La première semaine, j’étais vidée. Je n’ai quasiment pas bougé. Plus d’énergie, plus de motivation. Et cette absence soudaine de sport, de structure, m’a fait plonger dans un état de déprime.
La première semaine, je suis allée courir avec un collègue pour le côté social et j’ai subi le rythme pourtant bien dans ma zone d’endurance fondamentale ! La deuxième semaine, je suis allée courir avec de la famille. Mais je n’avais pas envie, j’étais fatiguée, déprimée. Et puis petit à petit, quelque chose s’est activé : un besoin de bouger. Toujours pas de faire du triathlon ! Mon corps a recommencé à se détendre. Mon esprit a lâché prise. Et l’envie de bouger est revenue. Naturellement. Pas parce qu’un plan d’entraînement me l’imposait.
On est à la troisième semaine en autonomie et à l’envie, et je ressens l’envie de faire l’ensemble des disciplines du triathlon à nouveau.
Pourquoi le repos est vital (surtout pour nous, amateurs)
Quand on n’est pas pro, on jongle entre les entraînements, la vie perso, le travail, parfois les enfants, les imprévus… C’est un numéro d’équilibriste constant. Alors se reposer, ce n’est pas du luxe : c’est une stratégie de longévité.
Voici ce que j’ai retenu :
- Physiquement, c’est l’occasion de vraiment récupérer : tendons, muscles, articulations, système nerveux… tout le monde dit merci.
- Mentalement, on coupe. On sort du « train-train entraînement », on respire, on retrouve du plaisir.
- Stratégiquement, c’est le moment parfait pour faire le point sur la saison, revoir ses objectifs, envisager autre chose.
- Humainement, c’est précieux. Retrouver ses proches, tester d’autres sports, sortir de la bulle triathlon.
Ce que dit la science du repos sportif
Du point de vue physiologique, le repos n’est pas une pause : c’est une phase active de régénération. Pendant cette période, le corps répare les micro-lésions musculaires, réduit l’inflammation systémique, et restaure les niveaux hormonaux perturbés par l’entraînement intense (comme le cortisol ou la testostérone). C’est aussi un moment clé pour consolider les adaptations obtenues par l’entraînement : on ne progresse pas pendant l’effort, mais pendant la récupération.
Au niveau mental, plusieurs études montrent que des périodes prolongées d’entraînement sans récupération adéquate peuvent entraîner du surentraînement, mais aussi du burn-out motivationnel, avec des effets comparables à la dépression légère (perte d’envie, troubles du sommeil, fatigue chronique).
Enfin, en triathlon, où les charges cumulées sont élevées (natation, vélo, course), la gestion des périodes de repos est aussi importante que le plan d’entraînement lui-même. Ignorer cette variable, c’est risquer la stagnation, la blessure… ou l’écœurement.
Après une grosse course, c’est encore autre chose
Le repos post-marathon ou post-Ironman, c’est un autre niveau. Le corps a subi un véritable traumatisme physiologique. Ce n’est pas juste de la fatigue : c’est une dette physique à rembourser.
Même si l’envie de capitaliser sur sa forme est forte, il faut accepter de laisser le corps digérer ce qu’il vient de vivre. Il y a une vraie différence entre une pause « saisonnière » et une récupération post-épreuve extrême.
On parle souvent de 2 semaines / 1 mois de récupération.
Trouver son équilibre
Ce que je retiens aujourd’hui, c’est que le bon break est celui qu’on anticipe.
- 2 à 4 semaines de coupure après la dernière course de la saison. Le coach Maxime m’a glissé que 4 semaines en intersaison, c’était trop… L’idée est de ne pas non plus perdre les acquis.
- Coupure totale ou active : marche, rando, yoga, ski… l’idée, c’est juste de sortir de la logique de performance et de faire ce dont on a envie.
- Une reprise progressive, sans pression ni culpabilité. Et surtout, on ne revient pas à une charge excessive d’un coup !
- Et surtout, apprendre à écouter les signaux du corps (et de la tête).
Juste pour illustrer, voilà à quoi a ressemblé concrètement ma coupure cette année :
- Avant coupure : En moyenne 10 h d’activité par semaine.
- Semaine 1 : 1 h 35 d’activité. Dont 20 min de yoga.
- Semaine 2 : 4 h 16 d’activité. Dont beaucoup de vélo sur home trainer.
- Semaine 3 : 6 à 8 h d’activité. En cours !
Conclusion
Le repos, ce n’est pas une faiblesse. C’est une force.
C’est ce qui permet de durer, d’éviter les blessures, de rester motivé, et de revenir plus fort(e), avec l’envie chevillée au corps.
Alors aujourd’hui, je ne vois plus la coupure comme une interruption…
Je la vois comme une respiration nécessaire dans la partition de ma saison.

